Macaron

Navigateurs Aériens et DENAE

de l'Aéronautique Navale

Pinguin

Claude Bassard

(1931-2018)

1968

Le 10 janvier 1968, je rallie la flottille 22 F, les formalités d’embarquement sont rapidement réalisées et je n’ai que 50 mètres à marcher pour rejoindre le hangar et transporter mes équipements de vol. Je connais bien le Capitaine de Corvette CHEVALIER, mon nouveau commandant, il est un excellent officier de Marine plein de charisme. Comme nous sommes deux nouveaux équipages constitués sur Breguet ATLANTIC, nous sommes en 1ère année à l’instruction et à la fin de l’année nous devrons effectuer un stage d’entraînement de lutte anti-sous-marin (A.S.M). Mon commandant d’aéronef est le Lieutenant de Vaisseau COUIX et nous formons l’équipage Victor Bravo, composé de beaucoup d’anciens de la section P2V6.

Au mois de février je reçois une proposition d’affectation à PROPRIANO, en Corse, comme syndic des gens de mer. La réussite au concours des emplois réservés me donne l’opportunité de quitter la Marine à 17 ans de services. Après  mure réflexion et une discussion avec Juliette, je refuse cette proposition car je redoute les problèmes ou différends à traiter entre marins corses. J’ai toujours en souvenir la patrouille dans les rues d’Ajaccio en juin 1964...

Nous sommes toujours logés dans l’immeuble C.I.L.O.F du chemin du mas du diable, le quartier est résidentiel, l’immeuble est situé au bord de voie SNCF Nîmes - Alès au nord-est de Nîmes, non loin des casernes militaires de la route d’Uzès. Nous avons de bonnes relations avec notre voisinage et les enfants ont des copains et copines. Juliette se plaît beaucoup et l’appartement est confortable.

Je commence les vols sur ATLANTIC dans le courant du mois de février et j’assimile rapidement les fonctions de coordinateur tactique. Le commandant CHEVALIER nous juge apte à intégrer les équipages anciens et ainsi de participer à un grand exercice « EASY GAMBIER » sur le secteur de Malte. L’exercice se déroule du 12 au 26 mars et nous avons de très bons résultats. Au retour nous restons deux jours en Sicile, à SIGONELLA  la grande base de l’O.T.A.N implantée près de CATANE.

Le 22 mars 1968 il y a de violents incidents à la faculté de NANTERRE. Ces manifestations trouvent leurs origines dans le soutien du milieu étudiant au Viêt-Nam (depuis août 1964 les Etats-Unis d’Amérique sont engagés massivement dans la guerre du Viêt-Nam du Sud).
En avril de nombreuses bagarres ou accrochages ont lieu entre étudiants et les forces de l’ordre les C.R.S (Compagnie Républicaine de Sécurité) dans le quartier latin de PARIS.                        
Il y a un étudiant Daniel COHEN-BENDIT qui a la double nationalité française et allemande. Surnommé Dany le rouge (il est rouquin) il sera député européen des Verts en 2000 et membre du parti écologique... Donc, COHEN-BENDIT, un des principaux meneurs des manifestations, est arrêté, mais pour calmer les esprits le Premier Ministre Georges POMPIDOU le fait relâcher. Néanmoins la Sorbonne est toujours occupée et le 4 mai 1968 le S.N.E.S.U.P (Syndicat National de l’Enseignement Supérieur) et l’U.N.E.F (Union Nationale des Etudiants de France) appellent à une grève illimitée.

Dans l’armée et plus particulièrement dans la Marine nous sommes tenus informés des événements par des bulletins d’information, mais nous devons rester neutres.

Le 10 mai, c’est la première nuit des barricades à Paris dans le quartier latin et comme pendant la révolution de 1789, les pavés sont arrachés, il y des bagarres avec les forces de l’ordre. Le Premier Ministre Georges POMPIDOU qui était en voyage en AFGHANISTAN, fait libérer les étudiants à son retour. Le Président de la République Charles DE GAULLE, part en voyage officiel en Roumanie et le monde ouvrier commence à se mettre en grève : Sud-Aviation, les usines RENAULT de FLINS et de BOULOGNE-BILLANCOURT. A son retour le Général DE GAULLE annonce : « Des réformes oui ; la chienlit non ». Des millions de travailleurs sont en grève.

Nous ne sommes pas consignés sur la base de Garons, mais il nous est interdit de sortir de la garnison de Nîmes et plusieurs équipages sont en alerte à une heure.

Le 24 mai, le Président de la République annonce qu’un référendum sera organisé sur la participation et le 27 mai le Premier Ministre conclu avec les syndicats et le patronat les fameux accords de Grenelle. Il y aura de fortes augmentations de salaires et pour les fonctionnaires d’importantes revalorisations des indices de solde. Néanmoins la grève se poursuit et une grande manifestation réunit trente mille étudiants et ouvriers qui marchent vers le stade CHARLETY où se tient un grand meeting avec Pierre MENDES-FRANCE.
Au gouvernement le Ministre de l’éducation nationale Alain PIERREFITE démissionne le 28.

A gauche, François MITTERAND Préconise un gouvernement provisoire dirigé par Pierre MENDES-FRANCE et en cas de vacance du pouvoir annonce sa candidature pour l’Elysée.

Le 29 mai une rencontre secrète a lieu à BADEN-BADEN entre le Général DE GAULLE et le Général MASSU patron des parachutistes stationnés dans les Forces françaises en Allemagne.

Le 30 mai, à son retour à PARIS, le Président de la République annonce son maintien au pouvoir et prononce la dissolution de l’assemblée nationale pour provoquer de nouvelles élections législatives. Des centaines de milliers de personnes défilent sur les Champs-Élysées pour soutenir le Président.      

Pendant ce mois de mai je n’effectue que cinq vols, uniquement des navigations tactiques dans le Golfe du Lion. Pour les enfants ce sont des vacances forcées dues aux grèves des enseignants, le passage en classe supérieur est automatique.

Tout n’est pas terminé, en juin les efforts des gauchistes, pour relancer la grève, provoquent des heurts violents dans l’usine RENAULT de FLINS.
Le 11 juin il y a une nouvelle nuit d’émeutes. Les manifestations sont interdites et les 23 et 30 juin ce sont les deux tours des élections législatives qui donnent une écrasante majorité à la majorité présidentielle. Nous sommes soulagés car nous avons eu peur de la tournure des événements.

Début juillet je suis avisé, dans le cadre des emplois réservés, d’une place de contrôleur du Trésor à Bar sur Loup. Cet emploi se situe à la perception de Bar sur Loup à une dizaine de kilomètres de Grasse dans les Alpes Maritimes. Avec Juliette, nous décidons d’accepter et j’effectue ma demande de mise à la retraite proportionnelle à compter du 1er octobre 1968.
Ce mois de juillet la flottille est en permission à 100 %, néanmoins, comme je suis débarquant, je reste avec une dizaine d’officiers mariniers pour effectuer le gardiennage, l’entretien et le suivi du courrier administratif.
Le 14 juillet, je suis désigné pour défiler à Nîmes sur l’avenue FEUCHERES, entre l’esplanade et la Gare S.N.C.F. A  la tête d’une compagnie de la B.A.N Nîmes Garons, comme je n’ai plus défilé depuis 1951 à Agadir au Maroc, pendant deux jours, je m’entraîne au maniement du sabre.

Dans le mois de juillet j’ai un problème avec un Breguet ATLANTIC qui est sorti de visite d’entretien à la fin du mois de juin et qui est confié à la 21 F pour un vol technique. Immédiatement après le décollage, un incendie se déclare sur le moteur droit et sans les qualités professionnelles du pilote, l’appareil allait à la catastrophe.
Une grave défaillance humaine est à l’origine de cet incident. Lors de la maintenance, la tuyère d’échappement se trouvant à la sortie du turbopropulseur n’est pas fixée et avec l’accélération au décollage le désaccouplement a lieu et l’incendie se produit. Les dégâts sont élevés, beaucoup de matériels sont détruits et il y a pour deux millions de francs de réparations.
Je suis obligé de rappeler en urgence le Commandant CHEVALIER, le chef des services techniques et tous les membres de l’équipe de maintenance.

Début août, nous profitons d’un week-end pour effectuer une reconnaissance à Bar sur Loup et repérer mon futur lieu de travail à la perception. Toute la famille est au complet, Georges est en vacances auprès de nous. Je suis reçu par le percepteur et il y a trois autres fonctionnaires qui travaillent sur place. J’annonce à mon futur patron que je devrais rejoindre Bar sur Loup à la fin du mois pour prendre mes fonctions début septembre.

Un après-midi, je vois arriver dans mon bureau le premier maître MAILLARD, qui fait partie de mon équipage. Il travaille au secrétariat du commandant et il me tend une circulaire émanant de la Direction du Personnel Militaire, qui informe les personnels de la création dans la Marine, d’un corps d’officiers techniciens. La grande particularité est que tous les officiers de 3ème classe des équipages seraient automatiquement intégrés, s’ils le désirent avec le grade d’officier technicien 2ème classe. Cette nouvelle situation statutaire me paraît intéressante et dès que je retrouve ma petite famille au mas du diable, nous en parlons tous les quatre. Christian a 12 ans et Jean-Luc 9 ans et il me semble normal de les associer à une décision aussi importante. Dois-je rester dans la Marine, doit-on déménager dans quelques jours ? Faut-il aller vivre à Bar sur Loup, poursuivre une carrière dans la Marine au moins jusqu’à 25 ans de services ? Nous décidons de soumettre la décision finale au vote et ma casquette sert d’urne. Sur un petit bout de papier, chacun va devoir marquer soit : «  Reste dans la Marine » ou « Bar sur Loup ».

Le dépouillement s’effectue dans un profond silence et il y a quatre voix «  Reste dans la Marine ». L’unanimité déclenche une explosion de joie.

Le lendemain matin le commandant du Groupe Aéronaval 6 (G.A.N.6) envoie une note express à la direction du personnel militaire pour annuler ma demande de mise à la retraite et j’écris aussitôt au percepteur et au propriétaire de la villa pour tout annuler. Le commandant  de la 22 F me dit être satisfait de me garder dans sa flottille et je reste en équipage Victor Bravo avec le Lieutenant de Vaisseau COUIX.

Fin août, je dois réaliser un voyage de navigation polaire avec escale à BERGEN en Norvège. C’est une ville magnifique, d’une propreté incroyable, il n’y a pas un seul papier traînant dans les rues et dans l’hôtel où nous sommes logés il n’y a pas de volets. Nous sommes dans l’été boréal, la nuit ne dure qu’une heure. A cette latitude nous avons cru bon de revêtir la tenue bleue marine et nous avons plus de trente degrés. De BERGEN nous effectuons une navigation grille jusqu’à la latitude 80° Nord, avec un temps magnifique, et nous survolons l’immensité de l’océan arctique puis nous nous posons à KEFLAVIK en Islande. Nous profitons de deux jours d’escale pour aller voir les geysers de cette île volcanique et je suis surpris, il n’y a pas un seul arbre. C’est aussi une ville où je note l’absence de chiens dans les rues et il n’y a aucun risque de marcher dans une crotte.

Bergen
Bergen

Au meeting aérien de FARNBOROUGH en Angleterre, le 20 septembre un ATLANTIC de la Flottille 22F  est pris dans un courant descendant et accroche un hangar et explose. Il y a douze morts dont les cinq membres d’équipage et des spectateurs.

Début octobre, je remplace le COTAC (Coordinateur Tactique) de l’équipage du Lieutenant de Vaisseau FILIPPI, pour un voyage aux ordres du Préfet Maritime de la IIIeme Région, le Vice-amiral DE SCITIVAUX DE GREISHE, sur Naples et Malte. L’Amiral est accompagné de son aide de camp et de sa femme, une ancienne pin-up ex-femme d’EDDY BARCLAY. Nous faisons escale à Hyères et deux heures plus tard nous sommes à Malte.

Dans ce voyage d’agrément nous en profitons pour visiter et depuis Naples nous partons sur le site de POMPEI. La ville a été totalement détruite par l’éruption volcanique du Vésuve en l’an 79 avant Jésus-Christ et de nombreuses maisons ont été ensevelies sous une épaisse couche de cendres volcaniques. Des résidences ont été préservées et l’on peut admirer de magnifiques bas-reliefs et peintures miraculeusement conservées. Le consulat de France nous a réservé à l’hôtel des chambres avec des lits doubles, et je couche dans le même lit que mon chef de bord.

Nous avons passé deux jours à Malte pour nous balader et faire le plein d’alcools détaxés notamment Whisky et Porto, et comme nous ne risquons pas de contrôle douanier à notre retour à Hyères...

Au début du mois, nous annonçons à Christian et Jean-Luc l’arrivée d’un bébé pour le printemps 1969. Nous sommes contents de cette prochaine naissance, fille ou garçon peu importe.

Professionnellement j’ai une bonne situation, comme lieutenant j’ai une solde correcte et l’allocation logement, mais il faudra envisager de changer d’appartement.        

Pendant ce mois d’octobre l’équipage effectue un stage au Centre d’Entraînement de la Flotte (C.E.F) et de nombreux exercices avec des sous-marins. Notre équipage se distingue par d’excellents résultats. Nous obtenons les félicitations du Commandant du C.E.F.

VB
L’équipage Victor Bravo. Claude est debout, le premier à droite. Le lieutenant de vaisseau Couix est accroupi, le deuxième à partir de la droite.

Le 9 novembre 1968, la caravelle d’Air France AJACCIO-NICE se crashe en mer, pendant des années les rumeurs persistent sur un tir de missile qui aurait abattu l’appareil en vol. Il y a 95 disparus.

Caravelle

A la mi-novembre nous participons à un grand exercice interallié « EDEN APPLE », nous effectuons des vols très longs de plus de 12 heures.

Du 9 au 14 décembre nous réalisons un voyage avec une SURMAR (Surveillance Maritime) jusqu’à  ATHENES et VENISE. A ATHENES, nous visitons l’Acropole et plusieurs musées helléniques,  et nous dégustons du vin blanc résiné. Nous sommes perturbés dans notre ballade dans les rues par les pancartes en écriture cyrillique. Il nous est difficile de nous guider. A VENISE, il fait un froid sibérien et par une température de moins 10° Celsius, il n’y a que peu de monde sur la place St Marc. Nous apprécions la douce chaleur des restaurants et éprouvons la sensation d’entrer dans un congélateur dès que nous sortons.

Mon équipage est en permission pour la période de Noël et nous serons en famille. Les enfants auront chacun une bicyclette achetée chez MANUFRANCE à ST ETIENNE et d’autres cadeaux. Le soir du 24 décembre nous allons à la messe de minuit dans l’église Saint-Gilles avec les gardians camarguais et la crèche vivante. La messe est ponctuée d’un incident, une personne est victime d’une crise d’épilepsie. La fin d’année approche, les enfants font du vélo autour de l’immeuble et Juliette voit son ventre s’arrondir avec la naissance du bébé pour fin mai, début juin 1969.

1969

Nous n’avons plus notre Renault 4L. J’ai acquis la Citroën DS 19 du Lieutenant de Vaisseau COUIX. J’ai longtemps rêvé d’avoir une si belle voiture, dotée d’une boîte semi-automatique avec la direction assistée, elle allie le confort et la vitesse. La conduite est vraiment agréable et je me régale. La voiture est blanche et la particularité d’avoir le compteur en miles (1,609 km) car c’était une voiture destinée à l’exportation.

Financièrement tout va pour le mieux, la solde est bonne et les allocations familiales (prénatales) ont été augmentées dès que la future naissance a été prise en compte.

Janvier et février se déroulent et nous effectuons  peu de vols. Toutefois le 22 janvier nous réalisons un petit voyage gastronomique (et non pas astronomique) sur Pau. Notre radio ANCOUSTURE a de la famille qui tient un restaurant dans les environs de la cité paloise et nous ne sommes pas déçus de notre visite.

Dans notre pays le Général DE GAULLE et Georges POMPIDOU ont remis de l’ordre et la « chienlit » est terminée. Lors d’un voyage en Bretagne, le Président de la République annonce qu’un référendum sur la réforme des régions et la transformation du Sénat va avoir lieu. DE GAULLE a dans le collimateur le Sénat qui selon lui, ne sert à rien !
Bien que le Conseil Constitutionnel déclare que le projet de référendum ne soit pas conforme à la Constitution, il y aura un vote le 27 avril 1969 et les français devront se prononcer par les urnes. Il y a une forte opposition qui émane des socialistes, communiste et même Valéry Giscard d’Estaing son ancien ministre des finances qui conseille de ne pas voter « oui ». Toutefois les ministres de son parti soutiennent le Président. Le Sénat, déclare Alain POHER, ne votera pas sa propre déchéance.  

Au mois de mars, nous effectuons sur une semaine, un voyage de grande navigation avec escales à TENERIFE, ABIDJAN et DAKAR. En Côte d’Ivoire, je rends visite à Serge et Suzanne MOUCHAGUE qui sont nommés depuis deux ans à ABIDJAN. Serge occupe la fonction de sous-directeur dans une importante société pharmacie importatrice, implantée dans l’Ouest africain.

Je réalise un petit voyage sur Strasbourg pour une choucroute partie et au retour je ramène toujours une spécialité régionale, en l’occurrence un kouglof et une superbe tarte à la framboise.  

Le dimanche 27 avril, ce sont les élections et le « NON » recueille 52,41% des suffrages exprimés (12 007 102) et le « OUI » 47,58 % (10 901 753).
Les électeurs de la France métropolitaine et des territoires d’outre-mer rejettent le projet de régionalisation et de réforme du Sénat.

Le lendemain à 00h10 le Général DE GAULLE, depuis COLOMBEY les Deux Eglises, fait publier un communiqué où il déclare cesser ses fonctions de Président de la République. Cette décision prend effet le jour même à midi. Juliette et moi sommes déçus, le « Grand Charles » nous quitte. Je me rends alors compte que dans la Marine il y de nombreux antigaullistes, de nombreuses bouteilles de champagne sont débouchées au carré des officiers.

Pendant le mois d’avril il n’y a pratiquement pas de vols, nous profitons des vacances de Pâques, nous effectuons essentiellement une SURMAR en Méditerranée Orientale et le 26 avril ; un vol pour un exercice interallié « PAMPLEMOUSSE ».
Nous trouvons un sous-marin, nous le pistons en tactique  « Julie » et il est coulé fictivement. Cela nous vaut les félicitations du Commandant de la TASK FORCE.

Le 2 mai, nous effectuons deux lancements de torpille LX43 sur sous-marin, pour la première, le lancement est assez facile sur un doublé de deux bouées et après obtention de plusieurs échos, en obtenant la route et la vitesse du sous-marin le « DROP POINT » est vite calculé. Pour le deuxième lancement l’opération est moins aisée, nous nous éloignons à une distance supérieure à 20 nautiques (près de 40 kilomètres), le sous-marin plonge et il faut mouiller un Pattern complet de bouées et faire vite avant que le sous-marin sorte du dispositif. Notre deuxième lancement est une complète réussite.

Le 13 mai nous effectuons une SURMAR en Méditerranée Orientale près de la Crête et nous passons la nuit à HERAKLION. Le lendemain de nouveau nous sommes en surveillance maritime et nous détectons une force navale russe et un sous-marin. Nous sommes obligés de nous poser à Malte.

Depuis le 20 mai je suis remplacé dans mon tour de service SAR (Sauvetage Maritime). La naissance du bébé est pour bientôt et nous avons eu plusieurs alertes. C’est dans la nuit du 30 au 31 mai que naît Françoise, une petite fille qui pèse 3.450 kg et je peux assister à l’accouchement auprès du docteur Jésus CAMPILLO. Je suis le premier à voir que notre bébé est une fille et je rentre vers les 4 heures du matin pour annoncer aux garçons la naissance de leur petite sœur.

En France la vie politique est animée, la campagne électorale bat son plein, les principaux candidats à la présidentielle sont :
- Georges POMPIDOU qui représente la droite et le R.P.F (Rassemblement pour la France),
- Gaston DEFERRE maire de Marseille pour le nouveau P.S (Parti Socialiste),
- Jacques DUCLOS pour les communistes,
- Michel ROCARD pour le P.S.U. 

Le 15 juin au soir, Georges POMPIDOU est élu Président de la République pour 7 ans, et avec ce nouveau Président la France va connaître encore de belles années de pleine prospérité.

En juillet 1969, le rêve de Jules VERNE est réalisé. Le 16 juillet, les U.S.A ont envoyé dans l’espace une puissante fusée SATURNE 5, à son bord trois astronautes : NEIL ARMSTRONG, EDWIN ALDRIN et MICHAEL COLLINS.
Le 21 juillet, vers 4h00 du matin nous suivons ce moment historique sur notre télévision noir et blanc : Ce sont les premiers pas d’un homme sur la lune.
NEIL ARMSTRONG prononce sa petite phrase «  un petit pas pour l’homme, un grand bond pour l’humanité ». La mission APOLLO XI est un succès complet et les américains ont atteint les objectifs fixés par le Président John KENNEDY moins de 10 ans plus tôt.

Appolo


La flottille 22 F sera en permission à 100% au mois d’août et nous passerons une partie de  nos vacances d’été à Mervans.

En septembre, nous effectuons quelques vols et préparons l’équipage Victor Bravo au stage qu’il doit effectuer au centre d’entraînement de la flotte (C.E.F) sur la base de LANN-BIHOUE  du 6 au 28 octobre. Le stage est entre coupé par de petits retours sur Nîmes et nous réalisons un excellent stage, j’ai bien mon équipage en main et quand il faut travailler tous les membres de l’équipage sont sérieux au travail. Les officiers contrôleurs du C.E.F, qui sont avec nous à chaque  vol, sont très satisfaits des prestations de Victor Bravo.

Novembre 1969, nous faisons un court voyage au Portugal et aux îles Baléares, nous sommes obligés d’effectuer une escale technique à Porto car le terrain de MONTIJO est fermé pour cause de brouillard. Je retrouve toujours Lisbonne avec plaisir, c’est une ville sympathique et ses habitants accueillants. A Palma de Majorque nous effectuons une ballade dans les îles avoisinantes, visitons des usines qui fabriquent des perles et c’est agréable car à cette période de l’année il y a peu de touristes car il ne fait pas assez beau.

Du 9 au 18 décembre, nous participons à un grand exercice interallié sur la base de SIGONELLA près de CATANE, en Sicile. Nous effectuons quatre vols d’environ 12 heures et avec les alertes, les briefings et les comptes rendus au retour de mission, nous avons peu de temps pour flâner dans les rues chaudes de CATANE. Comme il fait un froid de canard les belles de nuit se réchauffent auprès de petits braseros, un gars de l’équipage tente l’aventure et quelle n’est pas sa surprise, quand il veut passer à l’acte, de découvrir dans la culotte de la belle, un magnifique pénis...

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