Macaron

Navigateurs Aériens et DENAE

de l'Aéronautique Navale

Pinguin

Claude Bassard

(1931-2018)

1972

En ce début d’année, nous n’effectuons que peu de vol en janvier. Nous avons un hiver rigoureux et il neige un petit peu sur Nîmes. J’ai toujours comme fonction au sol l’armement photo. J’espère un jour sortir de cette galère car il s’agit d’un poste à risques et c’est malheureusement le 8 février que  les ennuis arrivent…

Un incident qui aurait pu être gravissime, se produit. Sous l’aile droite d’un Atlantic, se trouve le POD-PHOTO qui contient deux caméras, une en position verticale, l’autre horizontale. Ces deux caméras sont commandées par le pilote. Dans un hangar, depuis quelques jours, un Breguet Atlantic est en visite. Le POD n’a pas été descendu et je m’empresse d’aller voir le patron des armuriers qui me répond que pour une visite du premier degré il n’est pas nécessaire de déposer cet important appareil. Pour cette visite le POD reste en place sous l’aile de l’aéronef alors que l’on teste simplement les caméras.
Cela fait huit jours que l’Atlantic est dans le hangar, tout le personnel des services techniques, du LV MALLARD chef de service, au Commandant de la Flottille ont vu le POD resté fixé à l’aile...

Je suis rassuré par le patron armurier et l’électricien d’armes et je confirme donc de le laisser en place. Vers 15h00, l’électricien essaye le largage détresse. En cas d’EMERGENCY, tout ce qui est armement dans la soute est largué, les réservoirs supplémentaires, les bouées etc.
Le POD PHOTO tombe sur le patron armurier qui se trouve sous l’aile de l’appareil. D’un poids de 180 kg et tombant de trois mètres, le POD effleure l’épaule du patron. Un vrai miracle.

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Le Pod Photo sous l'aile droite

Le Commandant ne pouvait pas ou ne voulait pas punir son chef des services techniques qui était au courant de ces essais. Le POD est endommagé, fort heureusement la blessure du patron n’est que légère et je suis désigné responsable. C’est ma première punition et j’écope d’une réprimande. Je sens la gêne du Pacha quand il m’annonce la sanction. 

En mars 1972, l’équipage Uniform Delta bat un record en heures de vol pour la flottille 21 F. Nous effectuons 91.1 h de vol dont 37.3 de nuit.
Au cours de l’exercice PASSEX  « GEMELLI » en Méditerranée, nous recevons un message de l’Amiral Commandant l’Escadre en Méditerranée suite à la découverte, au pistage et destruction simulée d’un sous-marin. Ce jour-là les « DALTON » gagnent le respect des autres.

Le 16 mars, nous partons pour une mission de 10 jours pour les Antilles-Guyane avec une escale de 3 jours en Floride, à Miami. Comme à chaque voyage, nous emmenons une petite équipe technique et nous avons en plus un jeune antillais qui vient de terminer son service national. Pour le récompenser de son année dans la Marine, le Commandant lui a proposé de regagner son île natale avec nous en Breguet Atlantic.

Dans tous les voyages, François GUILLOU s’occupe de la partie aéronautique et moi des formalités administratives et douanières. A l’arrivée à l’aéroport de Miami nous tombons vraiment sur des douaniers pointilleux et de plus sur une femme…
Nous subissons le contrôle de toutes les valises et une fouille approfondie de celle de notre jeune antillais. La préposée trouve un petit sachet en plastique contenant de la terre de France, ramassée à Garons et que notre jeune patriote voulait ramener chez lui. Il souhaitait conserver souvenir de cette France qu’il aimait et en garder précieusement un morceau.
Mais comment expliquer cela à des gens bornés ? Le sachet est confisqué et le contenu soumis à des analyses aussi poussées que les roches ramenées de la Lune par NEIL AMSTRONG. Dans l’avion, les voilà en arrêt devant des jambons crus destinés à des marins de l’Unité Marine de Fort de France. Confisqués ! Après beaucoup de tergiversations, nous obtenons que les jambons nous soient restitués à notre départ pour les Antilles.

Le Consul nous a réservé des chambres dans un hôtel situé près de la magnifique plage de MIAMI BEACH, mais au grand désespoir des coureurs de belles femmes, il n’y a que des personnes âgées, la moyenne d’âge étant supérieure à soixante-dix ans.

Le lendemain de notre arrivée, nous allons visiter le centre spatial situé au Cap KENNEDY. C’est une visite enrichissante où nous voyons toute l’histoire de la conquête spatiale et découvrons les fusées prêtes pour partir sur la Lune. La visite s’effectue en autocar avec un guide parlant français.

Trois jours d’escale, et nous rejoignons Fort de France. Une Peugeot 403 est mise à notre disposition et avec François, nous allons nous baigner sur la plage située en face du Rocher du Diamant. Dans la forêt, nous essayons de trouver du bois pétrifié.

Nous effectuons un grand vol pour rejoindre Cayenne, nous réalisons une SURMAR et nous devons photographier tous les bateaux de pêche se trouvant dans la zone des deux cents miles autour des possessions françaises.
A Cayenne, il fait une chaleur torride et fort heureusement l’hôtel est climatisé. J’effectue quelques achats, en particulier des fleurs artificielles confectionnées avec des plumes d’oiseaux multicolores. Avant le retour sur Nîmes, nous avons une escale de deux jours à Las Palmas et c’est l’occasion de faire le plein de Whisky et de Porto.

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UD en escale

Nous bénéficions de dix jours de permission pour les fêtes de Pâques que je passe donc en famille sur Nîmes et le reste du mois d’avril est calme. Nous effectuons un voyage gastronomique en Bretagne, le retour s’effectue avec un chargement de crustacés et d’huîtres…

Le 24 avril 1972, le Capitaine de Frégate Bertrand de ROQUEFEUIL prend le commandement de la 21 F.

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Le mois de Mai est comme à l’accoutumée une période de grands exercices interalliés. Cette fois ci, l’exercice DAWN PATROL s’effectue en Méditerranée Orientale et six Breguet Atlantic sont positionnés sur la base de SIGONELLA en Sicile. Trois appareils arrivent de LANN-BIHOUE.

Du 3 mai au 14 mai 1972, nous réalisons cinq missions. Nous utilisons pour la détection des sous-marins, l’écoute passive JEZEBEL. Pour le pistage, nous innovons en opération les bouées actives. Quel changement par rapport à la tactique JULIE ! Notre Tableau de chasse est très beau : Deux sous-marins coulés, et un sous-marin nucléaire intrus, classe 4, dans la probabilité. Le Commandant de la TASK Force nous adresse un message de félicitations. Avec François, nous sommes contents de notre équipe où, je le rappelle, trois ou quatre, avaient été rejetés par les autres commandants d’aéronefs. Nous sommes fiers des DALTON !

L’équipage U.D  s’est enrichi d’un nouveau « DALTON », l’Enseigne de Vaisseau de 2cl SENECHAL. Polytechnicien de son état, il restera avec nous pendant toute la durée de son séjour à la 21 F. Je suis donc chargé de lui apprendre l’art de la navigation.
M. SENECHAL est un futur motoriste et à l’issue de sa période militaire, il doit intégrer la SNECMA. (En 2002 il est Directeur à la SNECMA, chargé de la fabrication des réacteurs de l’avion RAFALE…).

Je suis chef de la section entraînement, sous les ordres du chef OPS, le L.V MALLARD. En particulier, je suis chargé d’organiser les programmes du simulateur ATLANTIC et de créer les exercices. Je fais passer les examens MAD et contre-mesures électroniques. Je n’effectue plus que les vols opérationnels et François, comme moniteur de vol, fait beaucoup de tours de piste.

Pour le mois de juin, nous sommes désignés pour effectuer le premier détachement de quinze jours à DAKAR, afin d’assurer l’alerte SAR pour tout l’Atlantique SUD. 

Le 30 mai 1972 départ pour Dakar. Comme il s’agit d’un séjour de quinze jours, je me suis arrangé pour bénéficier d’une place sur un vol COTAM, avec l’accord de l’Autorité Maritime, pour Juliette et ainsi elle sera présente pendant notre séjour à Dakar. Elle sera logée avec moi sur la base d’OUAKAM. Madame SENECHAL Inge, sera également du voyage et pendant nos absences elles pourront se tenir compagnie.

Juste avant notre départ, nous apprenons le décès de notre cher ami Roger LACOMBE. Nous pensons tout d’abord à un accident de voiture mais en fait il est décédé d’une leucémie foudroyante. En trois semaines, la maladie l’a terrassé, transporté en dernier ressort en hélicoptère sur Marseille, il décédera pendant le trajet. Nous sommes très affligés par son décès et à notre grand regret nous ne pouvons pas nous rendre à la Seyne sur Mer.

Pendant notre absence de Nîmes, c’est Mauricette LAPORTE qui prend en charge toute la famille. Elle connaît bien les enfants, les deux grands ne poseront aucun problème. Il s’agit surtout de surveiller Françoise qui avec ses trois ans se débrouille bien, mais qui n’est pas en retard également pour faire des bêtises.

Nous arrivons sur Dakar le 1er juin et c’est le lendemain que nous rejoignent Juliette et Inge. Pour elles, le voyage a été assez long, depuis EVREUX jusqu’à Dakar par un vol sur quadrimoteur DC6.

Nous sommes logés dans une chambre assez confortable, équipée d’un petit réchaud qui nous permet de faire un peu de cuisine. De temps en temps, nous déjeunons avec l’équipage qui a embauché une « fatou » pour faire la cuisine.

Il nous est attribué, par le gouvernement sénégalais, une superbe RENAULT 4L toute neuve. Le véhicule est mis à disposition des officiers, et François nous en laisse l’entière disposition. Nous en profitons pleinement pour nous balader dans les environs et comme j’ai deux bons navigateurs avec moi, pendant toute la durée du séjour je n’effectue que deux missions.

La première mission a consisté en un petit exercice avec un navire de passage, et l’autre dans une mission photographique située sur l’île TIDRA. Cette île se trouve au large de la Mauritanie et le lieu est célèbre puisque c’est là que s’est échoué le radeau de la Méduse. 
La mission photographique, verticale, a été réalisée au profit de chercheurs archéologiques.

Avant de partir de Nîmes, j’avais eu une idée d’exercice pour l’équipage. Je demande au Commandant si nous pouvions effectuer une SATER (Surveillance Aérienne Terrestre) en brousse après avoir simulé le crash d’un petit avion.

Pour cela j’avais fait confectionner, par les services techniques de la B.A.N Garons, de fausses ailes d’avion que l’on assemblait sur des tubes en aluminium. Une fois le montage terminé, on emboîtait une housse peinte de couleur grise sur un véhicule pour la carlingue et l’avion était prêt.

Le jour de l’exercice de bonne heure, nous partons avec la 4L, tous les quatre, SENECHAL et Inge, Juliette et moi. Nous partons dans les environs de JOAL, et prenons une piste qui nous amène à une dizaine de kilomètres de la route. Nous montons notre avion victime d’un crash près d’un baobab et nous attendons.
La zone présumée de crash, fait un rayon de 30 kilomètres et l’équipage met peu de temps à nous trouver.
L’exercice nous permet de profiter d’une sortie à JOAL et de déjeuner tous ensemble au restaurant « Le Pélican ». L’équipage U.D nous retrouve, cette fois en bus, à onze heures à JOAL. Tout le monde se balade en pirogue vers une petite île et nous assistons à une démonstration de pilage du mil, une variété de sorgho.
Au restaurant, nous avions demandé la préparation de langoustes et de soles, et c’est une multitude de petites langoustes qui nous sont servies. Juliette se régale, Inge préfère commander une omelette aux champignons…

Comme nous disposons de la Renault 4L, nous allons également passer tous les quatre une journée à POPENGUINE. L’équipage vient nous saluer en effectuant un rase-motte au-dessus de la plage. Un autre jour nous sommes allés à CAYAR et aux environs de RUFISQUE. En tout nous ferons presque 800 kilomètres, un bon rodage.

Un soir, nous sommes invités à un dîner offert à l’Amirauté. Le coin est splendide, nous sommes servis par petites tables et le  menu est excellent.
Une nuit, la base vie est réveillée par des cris de femmes. Nos « DALTON » ont ramené quelques filles qui font un esclandre, certainement par rapport aux sommes proposées et réglées… Il y a scandale et François est obligé d’aller s’excuser auprès du Colonel commandant la base. Le colonel, sympa, décide de ne pas sévir. Il demande en contrepartie que tout son état-major soit invité à déjeuner aux frais de l’équipage. Nous prenons donc les dispositions pour organiser un vrai gueuleton qui est bien apprécié.

Avant de quitter Dakar, comme il est de tradition, nous invitons l’équipage de relève à un repas et le cuisinier nous prépare un succulent méchoui où le mouton est farci de semoule de couscous.

Juliette et madame SENECHAL doivent partir deux jours après que nous aurions décollé pour la France. Nous laissons donc les épouses en terre africaine et nous préparons notre départ. Nous laissons à l’Officier Principal des Equipages Jean-Marie BREHERET le soin de les chaperonner. BREHERET est venu de Nîmes Garons pour effectuer un quota d’heures de vol.

17 juin 1972, 9h00 : Décollage et montée rapide à 25 000 pieds et au-dessus de CAYAR, nous subissons une panne sur le moteur droit. François effectue une mise en drapeau rapide et nous retournons sur Dakar.
Nous retrouvons nos épouses, surprises, au Carré des officiers. Un ATLANTIC de Nîmes nous amène une équipe de dépannage et en soute un nouveau moteur. Avec cet incident, nous faisons cinq jours de plus au Sénégal. C’est donc nous, qui amenons Inge et Juliette pour le vol du COTAM sur PARIS. C’est toujours en DC6 que les femmes regagnent la métropole. Le vol est long, l’avion inconfortable et il n’y a pas de prestations à bord. Du séjour africain, Juliette ne garde pas de bons souvenirs des trajets aériens, fort heureusement le séjour, lui, fut excellent.

Nous retrouvons enfin les enfants et Mauricette qui, en vraie maman poule s’est bien occupée des enfants ; nous lui en sommes très reconnaissants.

Juillet 1972 : toute la flottille 21 F est en permission à 100%. Depuis fin avril, nous sommes sous le commandement du capitaine de frégate de ROQUEFEUIL. Le commandant m’apprécie, et lorsqu’il reçoit tous les officiers, il m’annonce que je quitte le service armement-photo pour la section entraînement des nouveaux équipages. Me voilà sorti de cette galère, je n’aimais vraiment pas cette fonction technique au sol.

Nous restons sur la région gardoise et passons quelques jours à faire du camping vers l’Espiguette, au Grau du Roi. Une soirée, nous subissons un orage assez violent qui nous arrive de la mer, plusieurs tentes sont arrachées, nous sommes obligés de nous accrocher à  notre tente pour éviter qu’elle ne s’envole.

Au mois d’août, il fait très chaud sur Nîmes, et c’est dur de reprendre le travail sur la base.

Le 8 août, nous allons passer une journée de détente à Ajaccio, baignade, puis retour de nuit en navigation astronomique. Comme nous rentrons après-minuit, nous bénéficions de la matinée de repos.

Le 24 août, nous devons effectuer un exercice de pistage avec des bouées actives. Nous décollons vers les 19h00, et dans l’avion qui a chauffé au soleil toute la journée il fait presque 60°C. La climatisation est longue à venir, nous effectuons un transit court sur Toulon.
Nous commençons l’exercice par quelques feuilles de trèfle sur les lieux de la plongée du sous-marin. Début de pistage au MAD, puis largages des bouées. Sur trois larguées, deux ne fonctionnent pas et il faut les remplacer. Passage à basse altitude, virage serré et j’ai à côté de moi le commandant qui fume sa pipe. La chaleur, la fumée, le noir, associés à l’accélération me donnent la nausée et je suis prêt à vomir. Nous obtenons enfin quelques échos au sonar sur une bouée, mais pas de pistage. Quand nous reprenons contact avec le sous-marin, je suis soulagé, la deuxième partie de l’exercice est plus calme avec des détections radar. Je marque néanmoins d’une pierre noire cette mission, sur mon livret de vol.

En septembre, nous sommes désignés pour transporter le Chef d’Etat-major de la Marine à Dakar. Il s’agit de l’Amiral Marc de JOYBERT. Comme il faut environ dix heures de vol de PARIS le Bourget à Dakar, il faut prévoir un repas en vol, mais comme l’Amiral est végétarien, cela pose problème. A ce sujet, il disait toujours à qui voulait l’entendre au sujet de la viande : « Je ne mange pas de cadavre »
Nous prévoyons donc un menu avec des crudités et de la pâtisserie.

Le 5 septembre, nous suivons les jeux olympiques qui se déroulent à MUNICH (R.F.A). Les terroristes de Yasser ARAFAT attaquent les athlètes israéliens. Pris en otages et emmenés en hélicoptère, de nombreux athlètes sont tués lors de l’assaut donné par les forces de police sur l’aéroport de FUERSTENFELD BRUCK. Bilan du massacre : onze morts parmi les Israéliens et cinq terroristes palestiniens abattus.

Pendant les deux jours qui précèdent notre départ, les pistards, aidés par les membres de l’équipage, nettoient l’Atlantic N°50. Les pistards sont les noms donnés aux patrons d’appareils dans les flottilles de chasse de l’aéronavale. Ils sont chargés de préparer l’avion et d’aider le pilote à s’installer dans le cockpit. Pour nous, ce sont notre équipe technique au sol.

Le commandant de la flottille vient personnellement passer l’inspection et l’appareil est comme neuf. Nous avons même réussi à neutraliser l’odeur caractéristique d’étable qui imprègne tous nos appareils à cette époque...

Le 17 septembre, nous prenons en charge notre V.I.P au Bourget et après 9h30 de vol nous atterrissons à Dakar. Tout se passe très bien, pendant le trajet l’Amiral consulte quelques dossiers au Carré, déjeune et fait une petite sieste. L’Amiral vient plusieurs fois dans la tranche tactique de l’Atlantic où nous ne restons pas inactifs. Nous montrons que nous mettons ce vol à profit pour un entraînement à la navigation astronomique et un pointage en mer sur des échos radar.

L’Amiral devant rester trois jours à Dakar, nous avions obtenu avant notre départ l’autorisation d’aller aux Iles Canaries, à Las Palmas. Il y a beaucoup de touristes et c’est un vrai régal de retrouver la magnifique plage de sable. Baignade pour tout l’équipage, et comme d’habitude nous faisons les boutiques hors-taxe. Achats de gadgets électroniques, nous faisons le plein de whisky et d’alcools en tout genre, puisque nous savons que nous ne serons pas contrôlés par la douane à Nîmes car nous arrivons de PARIS…   

Le 22 septembre, décollage de Dakar, le vol se déroule sans problème et comme d’habitude ma « Valtex » est pleine de petits cadeaux.

Notre équipage est pleinement opérationnel, le Commandant nous confie des missions intéressantes, en particulier nous effectuons un exercice avec un sous-marin nucléaire. Ce n’est qu’en vol que nous ouvrons une enveloppe cachetée pour connaître le point de ralliement où, à une heure précise, il sera au rendez-vous en immersion périscopique.

François GUILLOU est le pilote moniteur de la flottille, il entraîne les nouveaux pilotes et je me dispense de ces vols, n’ayant pas à courir après les heures de vol.

Le 30 décembre 1972, tout l’équipage Delta est invité au mariage de notre deuxième radariste, le second maître GRIVA. Il se marie avec une jeune femme de Bouillargues. Tout l’équipage est présent, sauf François qui a trouvé je ne sais quelle excuse pour ne pas venir. Après la célébration du mariage civil dans la mairie de Bouillargues, la cérémonie religieuse a lieu au grand temple protestant de Nîmes. Le repas de mariage se déroule à une soixantaine de kilomètres de Nîmes, tout près de Saint Martin de Londres. Le menu est excellent, nous passons une très bonne soirée et nous rentrons à l’aube.

1973

En janvier, le passage du Sous-marin NARVAL, de la base sous-marine de Brest, en Méditerranée est l’occasion pour la flottille 21 F d’effectuer plusieurs CASEX. Il s’agit en particulier de tester toutes les qualités de discrétion du sous-marin en plongée avec l’aide de la tactique JEZEBEL. Notre équipage Uniform Delta effectue un vol de huit heures.

En février, nous avons à réaliser un petit voyage en Turquie. Nous effectuons ce voyage du 2 au 4 à ISTAMBUL YESILKOY. La Turquie est membre de l’O.T.AN et les équipages français ou bateaux sont bien accueillis. A l’aéroport, c’est un représentant de l’attaché naval et le Consul qui nous réceptionnent.

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Botasso - Bassard - Jaouen ? - Guillou
Repas des Médaillés militaires

La ville d’ISTAMBUL, ex CONSTANTINOPLE est située sur la partie ouest du Bosphore, donc en Europe, et pour mettre le pied en Asie il nous faut emprunter un de ces innombrables ferries. Pendant notre séjour, nous faisons une grande balade dans le Grand Bazar, une multitude de boutiques et la présence d’un guide est plus que nécessaire.

Il y a cinq grandes mosquées à ISTAMBUL, la plus grande étant la mosquée bleue que nous visitons ainsi que Sainte SOPHIE et le musée palais du TOPKAPI. Nous sommes étonnés de voir très peu de femmes dans les rues. Bien que République laïque, la Turquie est islamisée à 95% et le rôle d’esclave assigné à la femme pendant longtemps trouve sa place dans le Coran, cela nous choque beaucoup.

Pendant les mois de mars à avril, nous avons une activité uniquement opérationnelle, des surveillances maritimes à assurer en Méditerranée Orientale. François, étant moniteur en vol chargé de l’instruction des nouveaux pilotes et également des vols techniques, je ne participe pas à ces vols. Par contre, je fais le moniteur au simulateur de vol Atlantic. Il y a une bonne équipe et le Capitaine de Corvette POUJADE est mon chef de service, tout marche bien.

Du point de vue financier, j’ai une bonne solde et avec nos trois enfants je bénéficie des avantages accordés aux familles nombreuses. La France subit une inflation et presque tous les mois nous sommes augmentés, ce qui nous permet de rembourser plus facilement les crédits immobiliers de l’appartement.

Sous la Présidence de Georges POMPIDOU, la France est heureuse et prospère. Beaucoup de nouvelles industries naissent et le complexe pétrolier et sidérurgique de Fos sur Mer prend de l’importance.

A la fin du mois d’avril, un dimanche, je suis de service à la B.A.N. Juliette et les enfants, accompagné d’Albert MEUVRET viennent déjeuner au carré de Caissargues. L’après-midi je fais visiter un Atlantic.

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En mai, comme chaque année,  il y a un grand exercice interallié  « Iles d’Or ». Les objectifs sont la lutte A.S.M accompagnés de missions de sûreté.

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L’escorteur rapide « Le Corse »  et l’escorteur d’Escadre « VAUQUELIN »

Le 3 juin 1973, le Tupolev 144 de l’U.R.S.S explose en vol et s’écrase au-dessus de GOUSSAINVILLE. L’évènement se produit en plein salon du Bourget et fait treize victimes (7 de l’équipage et 6 habitants de Goussainville).

En juin, un grand voyage « Guyane-Amérique du Nord », est programmé pour l’équipage Uniform Bravo dont le chef de bord est le lieutenant de vaisseau BONNET, officier en second de la flottille. Le coordinateur tactique est presque mon homonyme l’E.V.1 BAZAR. 

Madame BAZAR est enceinte de jumeaux et son mari me demande si je peux le remplacer dans ce beau voyage de l’autre côté de l’Atlantique. Il y a toujours au sein de la 21 F une grande camaraderie et je consulte Juliette avant d’accepter la mission en remplacement.

Le 5 juin, nous partons pour la Guyane française  et nous réalisons une escale technique à LAJES aux Açores. Nous arrivons assez tard dans l’après-midi sur l’aéroport de CAYENNE-ROCHAMBAUT et il nous faut deux heures, après l’atterrissage, pour rejoindre un hôtel où nos chambres ont été réservées par le COMSUP.

Il fait très chaud et l’humidité relative est de 90 %, aussi nous apprécions les chambres climatisées de l’hôtel. La tenue légère civile est de circonstance et tout l’équipage se retrouve vers 20h30 dans un restaurant que d’autres équipages nous avaient recommandé pour sa bonne cuisine. Le patron nous reçoit mais vu l’heure tardive du repas, sous les tropiques, le cuisinier est déjà parti et il n’a pas grand-chose à nous proposer pour dîner. Nous profitons à volonté de grosses crevettes mayonnaises et d’un dessert. Je suis assez méfiant sur la fraîcheur des fruits de mer, mais je trouve bonnes ces gambas et un seul des membres de l’équipage n’aimant pas les crevettes se voit réaliser une omelette.

Après un aussi long vol, tout l’équipage a hâte de retrouver l’hôtel et un bon lit. Vers 2h00 du matin, je suis réveillé par de violents maux de ventre et des nausées. J’ai juste le temps de gagner les toilettes pour vomir et je suis malade tout le reste de la nuit. Au petit matin, j’apprends qu’un de nos mécaniciens a eu la diarrhée. Le reste de l’équipage part en excursion en pirogue en lisière d’Amazonie et je reste à l’hôtel avec l’autre malade. Nous sommes visités par le médecin major de la garnison qui nous annonce, après auscultation, la possibilité de mise en quarantaine de l’équipage.

Pendant ce temps, le reste de l’équipage, en pirogue, est pris de colique générale et tous baissent le short ou le pantalon pour déféquer par-dessus bord. Au retour, à Cayenne, tout le monde est sous traitement sauf un, celui qui a mangé une omelette, et nous convainquons le médecin que nous sommes victimes d’une intoxication alimentaire. Il laisse au chef de bord la décision de poursuivre le voyage jusqu’aux U.S.A. Nous quittons la Guyane et fort heureusement le vol jusqu’à JACKSONVILLE  n’est pas très long mais il y a une petite SURMAR à faire le long des côtes de la Guyane et du Surinam.

P3-OrionLa base de l’U.S NAVY à JACKSONVILLE est très importante et nous sommes accueillis par un « squadron »  de quadrimoteurs A.S.M « ORION ». L’accueil est chaleureux et le soir même nous sommes invités, les trois officiers, au domicile du Commandant de la base U.S.
Le lieutenant de Vaisseau BONNET ayant effectué son cours de pilotage aux Etats Unis, il parle couramment l’Anglais, et cela facilite grandement les conversations. Nous avons droit au traditionnel barbecue avec de belles côtes de bœuf, mais archi cuites, agrémentées de maïs et de pommes de terre.

Le lendemain, nous effectuons un vol de huit heures en exercice A.S.M., tout se passe bien.

Nous restons trois jours à JACKSONVILLE  et nous décidons de nous rendre à ORLANDO où est implanté le nouveau DISNEY WORLD. Cent miles (160 km) nous séparent du parc d’attraction et pour nous y rendre nous louons trois grosses cylindrées dans un « RENT a Car » implanté à côté de la base.

Nous arrivons chez Mickey au début de l’après-midi, la route est aisée, bien balisée et nous arrivons avec nos trois voitures sur l’immense parking du parc d’attraction. Nous sommes émerveillés et malheureusement nous ne pouvons  réaliser qu’une partie des attractions. Nous reprenons le chemin du retour après le défilé de la grande parade.
C’est vers minuit que nous sommes de retour à la base et les trois conducteurs du jour se dévouent pour dormir dans les berlines (Cadillac et Ford) afin de restituer les véhicules de location à la première heure.

Notre prochaine escale est la ville de TROIS RIVIERES située au Québec. Nous sommes invités par l’aéroclub de TROIS RIVIERES et les « cousins » français devront faire une démonstration lors du meeting aérien qui doit se dérouler le dimanche.

TROIS RIVIERES est une petite ville se situant au confluent du Saint-Laurent et de la rivière Saint-Maurice, l’aéroclub portant le nom du Saint. Nous sommes accueillis chaleureusement par le président à l’aérogare et comme nous sommes un vendredi après-midi, de nombreuses excursions ont été programmées pour nous faire visiter les environs. Nous reconnaissons la piste de l’aérodrome très courte avec ses 1 400 mètres, mais cela ne devrait pas nous poser de problèmes.

Le dimanche, le vol de démonstration doit avoir lieu à 16h00 et c’est avec un équipage réduit de 7 hommes que nous décollons. Nous réalisons tout d’abord un passage à grande vitesse à basse altitude, puis une approche plongeante de 2000 pieds. Tous les spectateurs se trouvent près de l’aérogare en bout de piste et l’approche se fait avec un vent arrière de 10 nœuds. La manœuvre est risquée, de la folie et le chef de bord est aux commandes. L’appareil se pose à deux cents mètres de l’entrée de piste, les hectomètres sont avalés et notre copilote vocifère : « Remise de gaz !!! ». L’avion reste à terre, le pas d’hélice est inversé, les turbos propulseurs hurlent et je vois arriver le bout de piste par le nez vitré. Tout le matériel vole dans l’appareil, ma sacoche est projetée dans le nez vitré après avoir traversé une partie de l’habitacle. J’ai une ou deux secondes pour me dire que tout est fichu, que nous allons à la catastrophe et que nous allons nous crasher en bout de piste…

Les freins sont bloqués et arrivant en bout de piste, le pilote prend la bretelle qui mène au parking sur la droite. Une dizaine de petits monomoteurs y sont stationnés et nous les évitons par miracle, les spectateurs  inconscients de ce qui auraient pu leur arriver, applaudissent la performance de l’équipage français.

Au débriefing, les responsables de l’aéroclub reconnaissent d’avoir eu la peur de leur vie. Aucun des pneus de l’ATLANTIC n’a éclaté et je suis certain que les traces de freinage laissées par nos pneumatiques MICHELIN sont restées de nombreuses années sur la piste et la bretelle de l’aérodrome. Depuis cette date, aucune flottille n’a été invitée au meeting de l’aéroclub de Saint-Maurice. 

Le 18 juin, nous ne pouvons pas décoller à pleine charge de Saint Maurice TROIS RIVIERES et nous sommes obligés de faire une escale technique sur la base de GREENWOOD pour un retour direct sur Nîmes.

Nous avons décidé, cette année, de louer un chalet à la montagne et notre choix se fixe sur FONT-ROMEU dans les Pyrénées Orientales. Nous réservons pour le mois de juillet, mais il va en être autrement. Au cours d’une discussion avec la boulangère, Juliette apprend qu’un particulier veut louer en Lozère une maison de campagne. Nous prenons l’adresse et fixons un rendez-vous avec les propriétaires, Paul et Rosy NOUGUIER.
Courant juin, accompagnés de Françoise, nous sommes reçus rue DESCARTES et nous faisons connaissance des propriétaires. Nous exprimons notre volonté  de prendre des vacances sur un site tranquille et isolé, madame NOUGUIER nous loue donc la maison et fixe le prix, 500 francs.

Quelques jours plus tard, nous effectuons une reconnaissance dans les Cévennes et nous sommes emballés par l’implantation de notre futur lieu de vacances. Il me semble trouver un petit coin de paradis dans ce hameau de SOLPERIERE où nous serons les seuls habitants pendant notre période de vacances. Pour se rendre dans ce coin de la Lozère, proche du Gard,, il faut prendre la corniche des Cévennes et,  à un moment donné,  prendre une petite route départementale non goudronnée en direction de VEBRON. Située à une altitude de mille mètres, la maison possède une magnifique vue sur le massif de l’Aigoual et le Causse MEJEAN.

D’une habitation en ruines, les NOUGUIER ont fait des merveilles en travaux de restauration. Au rez-de-chaussée se situent la cuisine et la salle de séjour avec une belle cheminée et un cabinet de toilettes, les WC sont au fond du jardin. Au premier étage, il y a deux chambres meublées à l’ancienne. Il ne manque rien et comme Paul NOUGUIER travaille à la S.N.C.F nous avons des fauteuils d’autorail en guise de fauteuils de salon. Nous avons le choix entre la 1ère et 2ème classe…

Je peux sans mal annuler notre séjour à FONT-ROMEU, en invoquant une mission outre-mer à la même période, l’agence me rembourse alors la location, ne retenant que les frais de dossier.

Le 1er juillet, nous partons à SOLPERIERE, Christian reste sur Nîmes car il a trouvé un emploi saisonnier dans l’usine de chaussures MORA S.A implantée boulevard KENNEDY à Nîmes.
Nous avons de nombreuses choses à transporter et fort heureusement le coffre de la D.S est vaste. Pour accéder à la maison, nous sommes obligés de laisser la voiture sur un petit parking  et de parcourir quelques centaines de mètres à pieds, sur un chemin de terre avec quelques pavés par endroits. Il y a beaucoup d’herbes et d’orties qui sont le régal des escargots. A mi-parcours une eau de source se jette dans un petit réservoir où se sont réfugiées quelques couleuvres d’eau.

Nous sommes installés depuis quelques heures quand survient un violent orage. La foudre tombe sur un piquet métallique et nous n’avons plus d’électricité. Il y a eu une disjonction au niveau du transformateur d’un poteau moyenne tension alimentant le hameau. Nous n’avons pas de téléphone et il faut que je me rende à Florac pour prévenir E.D.F. Ils viennent aussitôt pour nous dépanner.

Pour notre premier soir, nous faisons un bon feu dans la cheminée et c’est bien agréable d’être en famille. Nous profitons du silence de la montagne et Jean-Luc met dans sa chambre un gros réveil pour avoir un peu de bruit avec le tic-tac.

Comme il a plu beaucoup dans les jours précédents notre arrivée, nous trouvons dans les bois environnants beaucoup de champignons (girolles et cèpes). Le long des routes nous ramassons des fraises des bois et des framboises. Nous prospectons tous les environs et nous allons faire nos courses alimentaires à Barre des Cévennes ou à Florac.

Sur le côté de la maison, il existe un petit bassin cimenté, alimenté en eau de source. L’eau est fraîche et ce point d’eau fait le bonheur des enfants qui s’y baignent l’après-midi.

Nous explorons les environs tous les jours et c’est chargé de pleins paniers de champignons et de fruits des bois que nous rentrons de nos expéditions. Dans les petits ruisseaux, je braconne l’écrevisse.

Après un mois de vacances, c’est la dure réalité du travail et fort heureusement, en août, il n’y a pas beaucoup d’activité. La plupart des équipages des bâtiments et sous-marins de  la Marine Nationale sont en période de permission, il ne reste que le minimum en service opérationnel.

Courant octobre 1973, j’invite le Commandant De ROQUEFEUIL et  POUJADE à une cueillette de champignons dans les Cévennes. Nous partons de bon matin avec la D.S et nous commençons par le bois de SOLPERIERE. Pas le moindre cèpe, nous trouvons juste quelques girolles et nous décidons d’aller vers Barre des Cévennes où se trouvent des tables et bancs pour déjeuner. Le pique-nique se compose d’un plat principal à base de saucisses accompagnées d’haricots mi-secs. J’ai maintenu le tout au chaud dans un gros thermos, c’est un régal.  Fromage de chèvre et un dessert, accompagnés d’une bonne bouteille complètent notre repas.

L’après-midi nous descendons jusqu’à la rivière, le niveau de l’eau est encore bien bas et nous voilà à braconner, les pantalons retroussés à la recherche d’écrevisses et de truites. La pêche est assez bonne, six truites et une trentaine d’écrevisses. Le Commandant De ROQUEFEUIL me dit : « Mon cher BASSARD, si les gardes-pêches nous avaient surpris, quel scandale : Deux officiers supérieurs, chevaliers de la légion d’honneur en train de braconner ! ». Nous en avons ri, le Pacha a pris les truites et POUJADE les écrevisses.  

Je profite de quelques jours de permission pour la Toussaint pour aller chercher Maman et nous avons un mois d’octobre exceptionnellement doux. Il semble que le beau temps doit se prolonger en novembre et comme au Canada nous bénéficions de l’été indien.

Il fait tellement beau qu’à la mi-novembre les plages du Grau du roi sont envahies par des amateurs de bronzage, c’est bien la première fois que Maman, installée sous un parasol, enlève pour quelques instants ses bas gris ; Françoise fait des châteaux de sable et il faut la gronder pour qu’elle ne se mouille pas entièrement.

Nous allons assez souvent aux Pennes Mirabeau voir la famille NAPOLITANO BRIAND, Christian n’est pas toujours de la sortie à cause de la surcharge de la D.S, des sautes d’humeur de Georges mais surtout il préfère rester avec sa petite amie…

Courant novembre, il y a le traditionnel exercice interallié, «  Iles d’Or », pendant une semaine les vols de longues durées mettent les équipages des deux flottilles sur le pied de guerre, fort heureusement la météo est bonne, et la chasse aux sous-marins est fructueuse. Nous effectuons huit heures sur zone, les transits aller et retour sont courts mais le débriefing prend beaucoup de temps et il est fréquent que le départ pour la maison n’a lieu que deux heures après l’atterrissage.  

Nous fêtons Noël en famille à la maison, petits et grands sont gâtés, le jour de d’an se déroule au carré de Caissargues, nous avons invité quelques amis. Et c’est Jean-Luc qui est embauché comme disc-jockey.

La fête se termine à cinq heures du matin et je vais chercher Christian qui réveillonne chez Albert MEUVRET, dans leur grande maison secondaire, à Cruviers Lascours. Il n’y a qu’une trentaine de kilomètres à parcourir  mais je chante tout le long du trajet pour éviter de m’endormir. Je me demande aussi si, la soirée faisant, je n’ai pas trop abusé des boissons alcoolisées…

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