Macaron

Navigateurs Aériens et DENAE

de l'Aéronautique Navale

Pinguin
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1969

Roger LAGATTU Tacco et Jean-Claude MARQUIER

FXCUH et ODILE

Le 27/02/1969 un « Atlantic » en mission en Afrique, en panne d’hydraulique, vient de se poser à Cotonou (port et ville importante du Dahomey, maintenant Bénin). UH décolle en urgence de Nîmes avec une mini équipe de dépannage. Après 09h de nuit, une escale technique à Dakar puis à nouveau 06h de vol, nous atterrissons de nuit à Cotonou.
Pourquoi cette urgence ? Endroit sensible avec la guerre dite du « Biafra », les américains présents partout ne croient pas à cette panne suspecte pour eux. Le gouvernement du Dahomey veut rester neutre.
L’équipage du Breguet en panne ne peut remorquer l’avion sur un chemin de roulement étroit pour le mener dans la zone militaire de l’aéroport. Pour tout arranger le chef de bord le Lieutenant de Vaisseau de Grammont est sérieusement malade !!!! L’ambassadeur de France et son attaché militaire sont excédés et inquiets.
Notre rapide arrivée est bienvenue (nous avions emporté une barre de remorquage). Tout de suite l’avion est mis hors des regards de tous les espions du coin. L’équipage secouru doit repartir avec notre avion, rapidement. Mais malgré sa bonne volonté, son chef de bord ne peut tenir son poste.
Le Lieutenant de Vaisseau Olivier GODEFROY :
« Je représente l’autorité Marine, le PM Marquier mon copilote décollera avec l’équipage secouru comme chef de bord (il en a les qualifications !) »
Marquier à peine endormi est réveillé et repart vers Dakar. Il fera ainsi plus de 20h de vol en 2 jours.
Petit soulagement pour le corps diplomatique. Il reste encore un avion et il faut le réparer rapidement.
Les mécanos aidés par l’ensemble de l’équipage se mettent au travail. Lever à 04h pour travailler le matin à une température raisonnable. L’équipage soudé est efficace.
Le 04 mars vol technique de contrôle, R.A.S.
Le 05 mars nous pourrons décoller. L’ambassadeur qui nous a hébergé (CB et TACCO) reconnait le sérieux et le professionnalisme des « Aéros ». Avant le départ, les militaires coopérants nous reçoivent, près du mess courent quelques phacochères (petits cochons noirs) « j’en ramènerai bien un à Nîmes » lance en
boutade Olivier GODEFROY. Au moment du décollage, arrive escorté par un légionnaire, un petit cochon noir, le soldat nous salue et nous le confie : « mission accomplie » !

1968-UH
Debout : Ginat (cda) - Tronca - ? - PM Marquier (pil) - Dumas (cotac)
Accroupis : ? - Lagattu (nav) - Thiébaut - ? - Berberich
Au premier plan : Odile


Godefroy ne se dégonfle pas … » l’honneur de la Marine et de l’Aéro »…..
Notre phacochère est enfermé dans les WC de l’avion pour 09h de vol sans escale jusqu’à Nîmes.
Nous devons utiliser de temps en temps les toilettes, Odile est le nom donné spontanément par l’équipage à l’animal, nom parait-il d’une charmante employée de l’hôtel où l’équipage résidait.
« Odile » libérée se promène alors dans la coursive de l’avion. Elle grogne beaucoup et l’équipage se réfugie sur les sièges. Dès qu’elle arrive vers les pilotes, un sérieux rappel à l’ordre la ramène aussitôt dans sa « cabane ».
Imaginez l’ambiance à bord, c’était en 1969 ! Rassurez-vous la fantaisie ne venait jamais compromettre la sécurité.
Arrivés à portée VHF du contrôle local, nous entendons « Uniform Hôtel, comment me recevez-vous ?
Répondez. »
« Groin,groin,groin……… » c’est Odile en direct sur la radio, manifestant certainement son plaisir d’arriver à Nîmes.
« U.H. veuillez répéter, vous êtes incompréhensibles ».
On enferme Odile une dernière fois dans les WC, jamais les ingénieurs de chez Bréguet n’avaient pensé à une telle éventualité.
A notre arrivée au parking, le douanier le plus célèbre de cette époque se précipite dans l’avion par l’échelle. Pendant ce temps, Odile est débarquée clandestinement, sans papier, avec un bout par la trappe avant.
Odile profitera de la chaleur du local chaudière de la flottille 21F. Rapidement elle s’acclimatera et deviendra une attraction.
L’inspection de tranche du commandant de la base concernant la flottille étant programmée, Odile est évacuée. Elle trouve refuge en garrigues chez le navigateur de l’équipage : PM SCHOTT.
Au printemps Odile est sacrifiée pour le barbecue annuel de l’équipage U.H.
Je vous dis que les « Pingouins » savent tout faire …même tuer et dépecer un cochon !
Nous nous sommes régalés.
Je vous laisse réfléchir à la morale de cette histoire.

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